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Le blog de l'histoire des Verriers du Rouergue

Soude ou salicor employée par les verriers (1e partie)

12 Mai 2011 , Rédigé par gentilhomme verrier

Cet article est extrait du Dictionnaire raisoné universel d'histoire naturelle de M.Valmont de Bomare publié à Lyon en 1776.

 

SOUDE, soda, plante dont on distingue nombre d'espèces. Nous décrirons ici les espèces les plus en usage dans les Arts & dans la Pharmacie.

            1°. La Soude appelée Salicor : c'est une plante annuelle qui croît dans les pays chauds, sur les bords de la Méditerranée : on la sème aussi exprès aux environs de Montpellier ; elle s'est, pour ainsi dire, naturalisée dans cette dernière contrée, & près de Marseille ; surtout dans des terres imprégnées de sel, & qui ont été autrefois couvertes par la mer, & attéries ensuite au moyen du limon & des sables, &c. Ces terres après les grandes pluies ou les inondations, doivent, étant séchées, paroître blanches en leur surface, & parsemées de petites gerçures ; par un temps de brouillard, leur couleur devient brune; elles sont un peu d'effervescence avec les acides. La culture de ces terres est à peu près la même que celle des autres. Pendant l'année de jachère on les laboure trois & quatre fois ; plus on multiplie les labours, & plus on les rend fertiles : on ne laboure cependant que superficiellement, & l'on trace les sillons à une grande distance.

            La plante appelée salicor, dit M. Marcorelle, est utile par le revenu qu'elle rapporte ; précieuse par ses usages ; curieuse par ses diverses métamorphoses; & agréable à la vue par la variété de ses couleurs & sa forme régulière : elle figurerait dans un parterre & y réussiroit très bien, mise dans une terre appropriée. Cette plante de salicor est connue en Latin sous le nom de kali majus cochleato semine. C. B. Tournts infl. p. 247, salsola (kali ), Linn. N°. 1 : en Arabe sous celui de kali : en François sous celui de soude, & en Languedoc & dans le Roussillon, sous celui de salicor. C'est le boucar des Poitevins & des Saintongeois.

            La graine est roulée en spirale comme la coquille d'un limaçon, voilà pourquoi on l'appelle cochleatum semen : déroulée elle paroît terminée par deux queues qui sont le germe : étant encore verte, on y distingue trois enveloppes ; la première est transparente & extrêmement fine ; la seconde est membraneuse & savoureuse ; la troisième est divisée en cinq feuilles taillées en forme de côte & d'un jaune verdâtre. Dans la végétation la graine se développe ; les deux queues percent les enveloppes, se fichent dans la terre, tandis que la tête pousse ses enveloppes au dehors & en est couverte comme d'un bonnet : quelques jours après elle les rejette & laisse voir deux branches en forme de fourche : du milieu de ces deux branches il en sort deux autres égales, & la tige semble partagée en quatre : plusieurs autres paroissent successivement ; ainsi, au bout de quelques jours, la plante ressemble à une petite aigrette : elle s'élève pendant quelques mois à la hauteur de plus de deux pieds. Sa racine est unie, un peu oblique, fibreuse, brunâtre en dehors, longue d'environ six pouces.


 

Solsola kali

 

Solsola kali

 

            Il part le long de la tige, à la distance d'environ deux pouces, deux branches parallèles qui sortent de deux nœuds égaux & qui deviennent rougeâtres ; ces branches se soudivisent dans leur longueur en plusieurs petits rameaux alternes, articulés par des nœuds ; chaque tige pouffe jusqu'à dix & douze de ces branches, & vingt ou trente tiges sortent quelquefois de la même racine : le tissu peu solide & leur propre poids, font qu'elles sont inclinées vers la terre. Des nœuds des tiges & des branches sortent les feuilles disposées par paquets ; ces feuilles sont à trois faces, comme pyramidales, rangées trois à trois le long des tiges ; celle du milieu est la plus grande ; elles sont bordées jusqu'aux deux tiers de leur longueur par une membrane très déliée ; leur couleur est verdâtre ; elles sont charnues, spongieuses & remplies d'eau salée ; elles renferment un petit nerf blanc aussi fin qu'un cheveu & cassant : étant encore vertes, on peut facilement les écraser dans les doigts, mais elles acquièrent de la consistance à mesure qu'elles approchent de la maturité. Ces feuilles ne sont pas désagréables au goût : les gens de la campagne en mangent avec du pain.

            C'est vers la fin d'Avril ou dans les premiers jours de Mai, qu'on voit sortir des aisselles des feuilles une, deux, trois & plusieurs fleurs qui sont petites, & fort peu apparentes : chacune d'elles est sans pétales, seulement composée d'un calice à cinq feuilles ovales ; d'abord vertes, & ensuite jaunes ou rouges, qui ne tombent point ; elles renferment cinq étamines dont l'anthère est chargée d'une poussière jaune : le germe est arrondi, placé au milieu & surmonté de deux stiles très déliés, terminés par un stigmate un peu recourbé : la capsule qui est plus grosse & enveloppée par le calice, n'a qu'une loge où se trouve une seule graine extérieurement noire & contournée en spirale. Cette graine est très utile aux bestiaux pendant l'hiver ; les bœufs & les brebis en sont avides à cause de la salure qui leur donne de l'appétit.

            M. Marcorelle observe que M. de Tournefort a fait un genre de cette plante, qu'il a mis dans la VI classe de ses Elémens de Botanique, qui comprend les plantes rosacées ; mais comme celle du salicor a une fleur à étamine dénuée de pétales, son genre, dit-il,doit être mis dans la XV classe des mêmes élémens, qui comprend toutes les fleurs à étamines. Le même Physicien a remarqué que dans cette plante, à chaque nœud, l'écorce, la moelle & le bois se divisent exactement en croix.

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