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Le blog de l'histoire des Verriers du Rouergue

Sommières et les verriers du Rouergue (2ème partie)

3 Mars 2011 , Rédigé par Dominique Guibert Publié dans #Histoire locale

Avertissement : toute reproduction partielle ou complète de cet article à des fins de publication, par quelque moyen que ce soit, presse ou internet, est soumise à l’autorisation de l’auteur.

 

L’intérêt de ce texte (voir l’article précédent) est de le confronter à ce que nous connaissons de la vie des gentilshommes verriers rouergats. En ce qui concerne les obligations généalogiques, il semblerait qu’il n’y ait jamais eu d’infractions dans les familles nobles exerçant la profession de verrier.


Cependant, nous ne pouvons pas nous prononcer sur ceux qui, originaires d’autres provinces vinrent travailler dans les verreries du Rouergue. Ainsi pour la famille Persy, de Monflanquin, et la famille Duverny, de Nozeyrolles en Gévaudan, il n’est pas certain que leurs ancêtres furent verriers et nous ignorons comment ils s’agrégèrent à la noblesse verrière. Il est vrai que déjà dans la première moitié du XVIIIème siècle, certains verriers s’affranchirent des règlements de Sommières.


 

SommieresICL

 

Ville de Sommières (Gard)


En revanche, une plainte a été instruite en octobre 1731 contre trois verriers rouergats : noble Jean de Bertin sieur del Bosc, noble Antoine de Bournhol sieur du Claux et son fils  (Pierre Jean) pour d’une part « s'estre ingéréz mal à propos de faire travailler de domestiques à la profession noble de l'art et science de verrerie au mépris de la déclaration du Roy et des délibérations sur ce prises devant nos prédécesseurs » et d’autre part s’être « ingéréz eux mêmes à travailler plusieurs mois plutost ou plus tart qu'il n'est porté par la délibération prise à la convocation de l'assemblée tenue devant nostre prédécesseur du 2e septembre 1718 ». L’affaire fut plaidée à Sorrèze (Tarn) en janvier 1732 devant « Pons de Rocozel, chevalier de l'ordre royal et militaire de St Louis, maréchal de camp des armées du Roy, commendant pour sa Majesté dans les diocèzes de Lavaur et Castres, capitaine viguier, et gouverneur de la ville et château et viguerie de Sommières, et en cette qualité juge et conservateur des estatuts et privilèges de Mrs les gentilsommes exercent l'art et science de verrerie dans le haut et bas Languedoc, haute guiene, comté de Foix et entier ressort du parlement de Toulouse, et commisaire général nay, seul vérificateur de leurs titres de noblesse » à la demande de noble Antoine de Granier sieur de Lassaigne, syndic du département de Grésigne, auquel le Rouergue était rattaché. Ils furent tous trois condamnés individuellement. Etaient-ils pour autant chacun maître d’une verrerie ? C’est peu probable. Bournhol père et fils étaient probablement associés, tandis que Bertin pouvait soit diriger sa propre verrerie soit être associé aux précédents.

 


 

Bertin

 

Blason des Bertin


En ce qui concerne la libre circulation des marchandises de verre et des matières premières, nous n’avons aucune information à ce sujet. Par contre, nos verriers payaient la taille qui en Rouergue comme en Languedoc était réelle et non personnelle. Nous en possédons plusieurs preuves. D’une part les biens des gentilshommes verriers figuraient toujours sur les compoix des communautés auxquelles ils appartenaient et d’autre part, leurs noms et leurs cotisations sont enregistrés sur les rares rôles de tailles conservés.


La charge de 1445 n’exemptait pas les gentilshommes verriers du service des armes pour le Roi. Qu’en était-il dans la réalité historique en Rouergue ? Les témoignages sont rares pour les périodes anciennes. Cependant, nous avons connaissance de deux cas au XVIIème siècle. Premièrement, en 1652, à Montagnol, noble Jean de Breton prit la précaution de prolonger le délai de la coupe de bois dont il venait de faire l’acquisition, en cas de guerre, sous-entendu au cas où il dut partir à la guerre. Le second exemple est celui de noble Jean de Filiquier, sieur del Cassan, habitant de Bahut (Laguiole), dont la veuve, Anne Rigal, déclara en 1663, qu’il était décédé à l’armée.


Au siècle suivant, les mentions sont aussi rares mais il semblerait que certains cadets de famille choisirent le métier des armes en raison des difficultés croissantes à exercer librement celui de leurs aïeux.


Quant à la justice, la prétention de Sommières a juger en première instance de toutes les affaires impliquant les verriers et leur famille est excessive. Toutes les mentions relatives à des procès concernaient toujours les juridictions locales : juges ordinaires ou sénéchal de Rouergue et plus rarement le parlement de Toulouse.


Les privilèges accordés aux verriers en 1445 furent maintes fois confirmés par les successeurs de Charles VII : Louis XI, François Ier, Charles IX et Henri IV. Cependant, ils furent largement contrariés par l’administration des Eaux et Forêts de plus en plus puissante et inflexible surtout en Bas Languedoc. Nos verriers du Rouergue ne furent pas inquiétés par celle-ci, peut-être parce qu’ils ne s’attaquèrent jamais à une forêt royale, mais presque exclusivement à de modestes bois appartement à des particuliers, paysans souvent, nobles quelques fois. Rares étaient les verriers qui étaient propriétaires de bois suffisants.

 

© Dominique Guibert 2011

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