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Le blog de l'histoire des Verriers du Rouergue

Verriers étrangers au Rouergue (1ère partie Rouergue méridional)

17 Janvier 2011 , Rédigé par Dominique Guibert Publié dans #Histoire locale

Avertissement : toute reproduction partielle ou complète de cet article à des fins de publication, par quelque moyen que ce soit, presse ou internet, est soumise à l’autorisation de l’auteur.

 

Nous avons vu dans le précédent article que la plupart de nos gentilshommes verriers installés en Rouergue étaient originaires des provinces limitrophes, Languedoc et Quercy ou plus éloignés Agenais, Comtat venaissain.

 

Mais de nombreux autres verriers sont venus travailler dans les verreries méridionales du Rouergue, souvent venus de ces mêmes provinces du Midi. A la différence des premiers, ils ne s’y sont pas établis à demeure. On les rencontre au hasard des archives, mais beaucoup resterons anonymes faute de traces laissées dans ces vieux documents.

 

Le premier mentionné est Brenguier de Coursac (Courssa dans le texte), en 1636,  gentilhomme verrier de la verrerie de la Devèze (Tauriac-de-Camarès) appartenant alors à François de Bertin. Brenguier, jeune verrier, était venu compléter sa formation loin de chez lui. En 1639, il épousa Jeanne Verdier, fille d’un marchand de Montpellier. Il était natif de Carnas, dans le diocèse de Nîmes, à quelques lieues de Sommières.

 

En 1643, Jean de Coulon, gentilhomme verrier, fait cession à son frère Charles de Coulon, habitant de Béziers, de la somme de neuf livres que leur autre frère Fulcrand lui doit pour vente de poure (sic, porron ou pourrou). Seul Charles appose sa signature en bas de l’acte passé à Saint-Félix-de-Sorgues, sous la graphie C Couloun.

 

Problement le même noble Jean de Colon est verrier à la Plane, paroisse et commune du Clapier, en 1644.

Lors du mariage de noble Jean de Breton, gentilhomme verrier du Mas de Gély, juridiction de Saint-Félix-de-Sorgues, avec demoiselle Fleur (ou Flours, Flore) Déalgis, fut témoin Jean Colom, cadet verrier. On notera qu’aucun des deux verriers ne savait signer.

Nous ignorons, pour l’instant, l’origine précise de ces Colon.

 

Dans les années 1666-1668, nous trouvons Antoine et Pierre de Girard, gentilshommes verriers, originaires de Montels (ou Monteils), dans le diocèse d’Uzès, travaillant à la verrerie du Mas d’Arbousse (Fondamente), dirigée par la famille de la Roque.

 

Au siècle suivant, Jean de Berbigier, sieur de Vergié, natif de Fourtou, avait épousé en 1712 et en premières noces Antoinette de Bertin, fille de Claude, sieur du Peyrou, gentilhomme verrier, des verreries de Moussans. Veuf, il se remaria en 1718 avec demoiselle Elisabeth de Maurel, native d’Anglès (Tarn). En décembre 1721, elle accoucha d’une fille qui fut baptisée dans l’église de Brusque. Jean travaillait alors à la verrerie de Soubras, de la paroisse susdite aux côtés des nobles verriers Antoine de Bertin, sieur de Fonrouge, Isaac de Breton, sieur de Cambias, citoyen de Brusque. Il est encore présent à Brusque en mars 1724.

 

En 1733, noble Jean Alexandre de Robert, en réalité Jean Alexandre de Doutre, sieur de la Saigne (signe Lasaigne), habitant de Lacaune, fut témoin à Camarès lors d’une transaction entre Isaac de Breton, sieur de Cambias, et sa belle-famille. On ignore s’il était aussi verrier. 

 

François Boyer, fermier général de la baronnie de Montpaon (Fondamente) créa en 1743 une société avec noble Jean François de la Roque, sieur d’Arbousse (au mépris des règlements de Sommières qui interdisent l’association de verrier avec un roturier). La verrerie fut installée à Sermet, propriété du sieur Boyer. Les associés recrutèrent plusieurs verriers étrangers au Rouergue pour la plupart. Ainsi furent engagés pour la campagne commençant le premier octobre 1744 : nobles Louis Duverny Nozerolles, sieur du Chambon, son frère Laurent Duverny, sieur de la Védrine, François de Robert, sieur de Bousquet, François de Coulon, sieur de Laforest, les trois frères Louis de Robert, sieur de la Tour, Guillaume de Robert, sieur de la Prade et Jean Baptiste de Robert, sieur des Plas.

 

Jean Alexandre Doutre de Montpezat, sieur de La Saigne, bourgeois de Lacaune (était-il encore verrier ?) est présent à la verrerie de Sermet en 1747-1748, en compagnie de noble François de Grenier, sieur d’Hauteserre et de noble Henry de Grenier, sieur de Comel, de la ville de Berdes (Les-Bordes-sur-Arize, Ariège) au diocèse de Rieux (sic). Ces trois gentilshommes verriers étaient de confession protestante.

François décéda le 6 janvier 1753 à Hauteserre, paroisse de Vaour (Tarn), mais le curé de la paroisse refusa de l’inhumer. François de Grenier, sieur de Bernoy, habitant de Fontblanque, adressa une supplique au juge de Penne pour obtenir l’autorisation de l’enterrer qui lui fut donnée à condition « de le faire enterrer de nuit et sans assistance d’autres personnes qui seront nécessaires pour le dit enterrement et sans aucune sérémonie (sic) ».

Quant à la mort d’Henri de Grenier, elle fut tragique. Arrêté en septembre 1761 avec ses deux frères, Jean, sieur de Sarrandon et Joachim, sieur de Lourmade, dans les environs de Caussade (Tarn-et-Garonne) alors qu’ils tentaient de secourir le pasteur François Rochette, prisonnier à Caussade, il fut jugé par le Parlement de Toulouse. Le 18 février 1762 la cour du Parlement condamne le pasteur Rochette à la pendaison, pour avoir présidé aux cultes clandestins, malgré l’interdiction royale et les trois frères de Grenier à la décapitation  (réservée aux nobles) et à la confiscation de leurs biens pour « sédition et attroupement avec port d’armes ». L’exécution eut lieu le 19 février 1762 place du Salin à Toulouse.

 

Toujours dans la même commune de Fondamente, nous avons noté la présence de messire Pierre Perssy (sic) ou Percy, sieur de Latude, à la verrerie du Pas de Ceilhes en 1751. Ce Pierre Percy est dit originaire de Veyssac dans le diocèse d’Agen. Ce qui est sûr, c’est qu’il épousa à Saint-Michel-de-Biron (Dordogne) en 1754, Marie Colom. 

 

Arthur Quirin de Cazenove dit Saint-Quirin mentionne dans Le verriers du Languedoc 1290-1790 les noms de Louis et Joachim de la Roque, père et fils, verriers du Pas de Ceilhes en 1753. Possibles lointains cousins des verriers du Mas d’Arbousse, ils sont qualifiés de La Roque d’Auvergne dans les registres notariés où Louis et François Joachim, son fils, gèrent la verrerie du Pas de Ceilhes entre 1753 et 1771, puis celle du Mas des Fons, voisine de la précédente.

 

Dans cette dernière verrerie, nous avons eu la surprise de rencontrer des ouvriers en verre de cristal, venus de loin. Deux nous sont connus grâce à la naissance et au baptême de Jean Jacques Guillaume Caton dans l'église du Clapier en 1775. Ce sont Jean Jacques Caton, né en 1738 à Fère-en-Tardenois (Aisne) et Eloy Montmorillon, né en 1740, fils d’un marchand de verres de Saint-Gobain (Aisne).  Le premier s’était marié à Chaumont-sur-Loire (Loir-et-Cher) en 1773 avec Marie Meunier. Ils baptisèrent une fille dans l'église de Rouvignac (Avène, Hérault) en 1776. Un troisième verrier d’origine lointaine déplaça la verrerie dans la province voisine au Mas de Marquès, terre d’Avène : noble Jean de Piéton de Crisval. On sait qu’il venait de la verrerie de la Magine à Bazas où il avait épousé Jeanne Benquey en 1767. Le nom de Crisval provient de la transcription méridionale de Creutzwald dont ses ancêtres sont issus.

 

Pour finir, nous citerons une fois de plus le livre de Saint-Quirin qui évoque les messieurs de la Roque de Baumes qui font « valoir, avec les sieurs de Girard et de Castelviel, la verrerie du valat de Trévezel » sans que l’on sache si celle-ci se trouvait dans la partie gardoise ou aveyronnaise des gorges du Trévezel.

 

© Dominique Guibert 2011

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