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Le blog de l'histoire des Verriers du Rouergue

Sommières et les verriers du Rouergue (3ème partie)

5 Mars 2011 , Rédigé par Dominique Guibert Publié dans #Histoire locale

Avertissement : toute reproduction partielle ou complète de cet article à des fins de publication, par quelque moyen que ce soit, presse ou internet, est soumise à l’autorisation de l’auteur.


Les verriers du Languedoc se réunirent périodiquement à Sommières dès le début du XVIIème siècle : la première assemblée générale connue date de 1657. Saint-Quirin nous en donne la liste dans son livre :


« Assemblés sçavoir noble Antoine de la Roque sieur de Boisset, syndic des verriers, noble Jérosme de la Roque sieur de Bouniol, des verreries de la Boissière, noble Antoine de Girard d’Agrés, noble Jean de Riols sieur du Causse, noble Louis de Cailhat (Queylat), vieux de la maison de Jourgat, noble Abel de Roubert sieur de Combesignères, noble Pierre de Roubert sieur de la Plane, noble Pierre de Roubert sieur de la Saigne, noble Nathanaël de Roubert sieur de Cantalauze, noble François de Girard sieur de la Croix, noble Pierre de la Roque sieur de Moussillergues, autre Pierre de la Roque sieur de la Jonquière (La Boissière), noble Pierre de Castelviel de la maison de Cazilhac (Ganges), noble Bastien de Girard sieur du Lac, noble Antoine de la Roque sieur de la Combe, nobles Pierre et Antoine de Girard, cousins du lieu de Sérignac, noble Bastien de la Roque sieur de la Rauquette (sic) ; lesquels sieurs de Riols, du Causse, de Roubert, de Combesignères, de Robert de Boscapel, de Riols de Boissonnade, de Roubert de la Plane, de Robert de la Saigne, de Robert de Cantalauze faisant tant en leur nom propre que comme députés par noble Samuel de Roubert, sieur de la Grave, Paul et Charles de Roubert, frères, Abel de Granier sieur de la Berte, François et Germain de Suer (sic) sieurs de la Serre, Abel de Colomb, Philémon de Roubert, Jean de Grenier sieur de Raisin, et Louis de Riols frères, Charles de Roubert sieur de la Roque, François de Roubert sieur de Lautier, Pierre de la Roque sieur du Clos, Jean de Riols sieur de Roquebel, Jacques de la Roque sieur du Bois, Paul de Grenier sieur de Verni, Antoine de Grenier sieur du Terme, Jean de la Roque sieur de Lalose, David de Grenier sieur de Moux, François de la Roque, François de Robert sieur de Gault, Abel de Robert sieur de la Serre, Jacques de Robert sieur de la Roque, Pierre de Robert sieur de Rabazette, Jacques de Robert sieur de Fraissinet, Samuel de Riols sieur des Plos, Armand de Grenier sieur de Coustau et David de Grenier sieur de Ribes suivant procuration retenue par Louis Palazzi, notaire de la Bastide Rouairoux et aussi comme procureur des verriers de la Comté de Foix, suivant la lettre signée par Montauriol pour tous, à eux adressée et ledit Antoine de Girard comme procureur de noble Antoine d’Aigalliers, maître de la verrerie de Ferreyrols (acte reçu par maître Clauze, notaire de Fons) et de noble Claude de Girard d’Olivier, son frère, suivant procuration à luy faite par noble Jean le Breton, verrier des verrières de Saint Félix et Montagnol en Rouergue ; et de même comme ayant charge de noble Jean de Bertin, maître de la verrerie de Carbonnière (Mélagues) en Rouergue. Tous les sus dits gentilshommes verriers supplient ledit marquis de Castries, leur juge et conservateur né de leurs privilèges, de permettre une nouvelle création d’un syndic et quatre procureurs, ainsin qu’il a été de tout temps faict, ayant été discontinué depuis quelques temps à cause des guerres, troubles et maladies contagieuses survenues dans la présente province et comté de Foix. »

Deux remarques s’imposent. Premièrement, les verriers cités sont tous des diocèses de Montpellier (Ganges et La Boissière), de Saint-Pons (Moussans) et du comté de Foix et Couserans. Deuxièmement les verriers rouergats représentés à cette assemblée sont uniquement les Breton et Bertin qui exerçaient la verrerie dans la partie méridionale du Rouergue et limitrophe du Languedoc. Aucune des familles verrières des gorges du Viaur n’est citée. Plus curieux encore les La Roque d’Arbousse ne sont pas cités alors qu’ils œuvrent dans le même périmètre que les deux seules familles représentées.

 

Etats du Languedoc

 

Etats du Languedoc


Nous passons directement à l’assemblée générale qui eut lieu en octobre 1753 à Sommières devant très haut et très puissant seigneur François Raymond Joseph de Narbonne-Pelet, qui nous permet de connaître les noms des verriers présents ou ayant donné procuration. Pour le Rouergue figuraient seulement « noble François de la Roque garde du corps de S. M., faisant pour noble François-Joachim de la Roque, son frère, tous deux enfans de noble Louis de la Roque, maître de la verrerie du Pas de Ceilhes, diocèse de Vabres ».


Là aussi, deux commentaires sont à faire. Le premier concerne ces La Roque dont nous ignorons l’origine. Ce qui est sûr, c’est qu’ils ne sont pas de la branche de ceux du mas d’Arbousse, bien que tout proche du Pas de Ceilhes, dans la commune de Fondamente. Le second est une fois de plus notre étonnement devant l’absence complète de toutes les familles de verriers des gorges du Viaur, pourtant encore nombreux à s’activer autour des ouvreaux de leurs fours. Il n’est pas possible qu’ils n’aient pas été assigné à comparaître à Sommières pour cette assemblée générale qui fut la dernière de l’histoire des verriers du Languedoc, d’autant que, nous l’avons déjà signalé, trois d’entre eux furent condamnés en 1732 pour infraction aux règlements de 1718.


Que faut-il penser de ces absences répétées des gentilshommes verriers du Rouergue aux assemblées de leur corps professionnel ? S’agit-il d’une lacune dans les sources d’archives que Saint-Quirin a consultées ou bien véritablement d’un désaccord profond entre les règlements édictés à Sommières et les verriers du Rouergue central et septentrional ? La dernière hypothèse pourrait s’expliquer par le cas mis en évidence par Tristan Busser chez les verriers des gorges de la Cère où la réduction du temps annuel de travail avait soulevé l’opposition d’une partie d’entre eux. A leur décharge, il faut dire que les bois qu’ils coupaient étaient loin des villes et que cela ne menaçait pas de pénurie en bois les populations urbaines du Rouergue et de la Haute-Auvergne.

 

Une récente découverte dans les archives départementales de l’Aveyron me permet de répondre à l’interrogation ci-dessus. Le 25 octobre 1753, maître Rollendes, notaire de Lédergues en Rouergue, reçut une délégation de onze gentilshommes verriers travaillant dans les verreries du secteur du Viaur. Dix d’entre eux donnèrent procuration à noble Jacques de Renaud sieur de Fenoulet, maître de la verrerie de Laubigue (commune actuelle de Rullac-Saint-Cirq) afin de présenter leurs titres de noblesse devant monseigneur de Pelet de Narbonne, gouverneur de Sommières, ce sont : noble Jean de Bertin sieur de Magary, noble Pierre de Robert sieur de Lascaves, noble Jean François de Robert, neveu du précédent, noble Jean Doutre de Montpezat, noble Pierre Jean de Bournhol sieur de Brieune, noble Jean de Bournhol sieur de Fonbonne, noble Antoine de Bournhol sieur de Brieune, frère du précédent, noble Jean de Riols, noble Jean de Bertin et noble Etienne de Bertin. Les trois derniers cités sont dits de la verrerie de Trescos (commune de Rullac-Saint-Cirq).

 

En fait, Saint-Quirin mentionne bien la présence de Jacques de Renaud à Sommières en 1753, mais sous le nom de Renaud de Noguiès. Pourquoi ce nom ? D'une part le prénom a été omis et d'autre part Noguiès, aujourd'hui Noyès dans la commune aveyronnaise de Camboulazet, était le village natal de noble Antoine de Bournhol, beau-père de Jacques.

 

Pour en revenir à la liste ci-dessus des verriers du Rouergue, on regrettera de ne pas avoir accès aux actes originaux malhereusement perdus. Aussi les mentions de leur lieu de résidence ou de travail sont rares. Seules deux verreries sont citées, alors qu'en 1780 Calmels de la Bessière écrivait à Jean-François-Henry de Richeprey qu'il y avoit anciennement dans le Rouergue trois ou quatre verreries ambulantes. [...] Pendant longtemps il y a eu de ces établissements à Centrès, à Tayac, à Noyers près de Camboulazet, dans la paroisse de Saint-Just. [...] Les débris de ces malhereux verriers ont été se réfugier près de la Selve, dans un village qu'on appelle l'Aubigo (Laubigue, commune de Rullac-Saint-Cirq) ; ils sont au nombre de quatre.

 

© Dominique Guibert 2011

 

 

 

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