Origine de la famille Bournhol (lire Bourniol) du Rouergue
La source principale de cette étude est la publication de Jean Vignau, intitulée Nobiliaire des généralités de Montauban & d'Auch & du pays de Foix. Dans le vidimé du 6.4.1533, écrit-il, où François Ier accorde des lettres patentes en 1523, il est fait mention de noble Jean de Bournhol (sic), natif de la ville d'Altare en Italie, gentilhomme verrier reçu en France. Il s’agit probablement de lettres de naturalité accordées aux verriers italiens que le Roi souhaitait voir s’établir en France afin de bénéficier des secrets de la verrerie vénitienne de grande réputation et dont l’importation de sa production coutait cher au royaume.
Le plus ancien acte notarié produit lors de la recherche des faux nobles au XVIIe siècle est un contrat de mariage de noble Jean de Bournhol et de demoiselle Jeanne Bouchène, du 12 juin 1575, reçu par maître Jean Lavaur. Jean est dit natif de Lautrée ou Lauta en Italie et à présent habitant à la verrerie de noble Jacques de Filiquier d’Aurenque ; et fils d’autre Jean de Bournhol et de demoiselle Jeanne Daurez. Il est malheureusement impossible de retrouver cet acte de mariage. En revanche, l’existence d’un notaire du nom de Jean Lavaur, résident aux Bessades, à quelques kilomètres d’Aurenque (commune de Coubisou, Aveyron) au début du XVIIe siècle est connue, tandis que la verrerie établie en ce lieu est aussi attestée dès 1571.
BLason de la famille de Bourniol
Le patronyme Bouchène ou Bouchane est inconnu en Rouergue, mais il s’agit probablement d’une féminisation comme cela se faisait couramment à cette époque : il faut donc plutôt rechercher le patronyme Bouche ou Boche, sur le modèle d’Espiane, féminin d’Espie.
La ville d’origine de ces « Bourniol » semble poser problème. Tristan Busser, auteur des excellentes études sur les verriers du Quercy et de Haute-Auvergne, y a vu celle de Lantea, diocèse de Nole en Campanie. Personnellement, je vois dans Lautrée et Lauta la transcription de Lautar pour l’autar, traduction littérale en langue d’oc d’Altare, signifiant autel. Je reconnais que c’est pure spéculation intellectuelle en l’absence des sources originales. Jean Vignau cite un bail à nouveau fief passé en 1598 par le chapitre de Rodez an faveur de noble Jean Bournhol, natif de la ville de Lauta en Italie. Bien que l’original de cet acte ne nous soit parvenu, ce renseignement paraît incontestable.
Autre élément qui pose problème c’est l’ascendance maternelle de Jean Bournhol, verrier à Aurenque en 1575 puis au Piboul (commune de Saint-Just-sur-Viaur, Aveyron) en 1598. Sa mère, Jeanne Daurez, que l’on pourrait tout aussi bien lire Daures, selon les règles graphiques de l’époque (XVIe siècle). Si Bornhol puis Bournhol est la variante occitane de Bornioli naturalisé Borniol, j’ai beaucoup de difficulté à voir dans Daures, un patronyme italien naturalisé. En revanche, ce patronyme est courant en Rouergue, ce qui complique l’affaire. Là encore, en l’absence de documents originaux, je ne me risquerai pas à tirer des conclusions hâtives.
© Dominique Guibert 2012